Page:Daudet - Jack, II.djvu/49

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échelle, elle vous a parlé. Naturellement, vous n’avez pas répondu ; mais elle est bien sûre que c’était vous, puisqu’il n’y avait que vous dans la maison.

Jack, atterré, eut pourtant encore la force de répondre :

— Ce n’est pas moi. Je n’ai rien volé.

— Vraiment ? Et tout cet argent gaspillé, semé sur votre route ?

Il allait dire : « C’est ma mère qui me l’a envoyé. » Mais il se rappela les recommandations qu’elle lui avait faites : « Si on te demande d’où te viennent ces cent francs, tu diras que ce sont tes petites économies. » Et en effet, avec cette foi aveugle, cette vénération qu’il gardait pour les commandements de sa mère, il répondit : « Ce sont mes petites économies. »

Elle lui aurait commandé de dire : « C’est moi qui ai volé, » que, sans hésitation, sans discussion, il se fût avoué coupable. C’était un enfant comme cela.

Au mot d’économies, le directeur s’indigna tout à fait.

— Comment voulez-vous nous faire croire qu’avec les cinquante centimes de paie que vous touchez par jour, vous avez pu mettre de côté les deux ou trois cents francs qu’au train dont vous meniez les choses, vous avez dû dépenser dans la journée ?… N’essayez donc pas de ces mauvais moyens. Vous feriez bien mieux de demander pardon à ces braves gens, à qui