Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/68

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Comme les couronnes des prix du mois d’août
Nos rondes sont rondes aux lauriers qu’on coupe ;

Comme les couronnes de nos mariées
Rondes sont nos rondes vers les orangers ;

Et comme couronnes d’immortelles d’or
Nos rondes sont rondes : la Tristesse est morte.


(Raisins bleus et gris.)





Au Jardin de la cure.


Dans l’ombre de l’église, au jardin de la cure
Qu’un mur bas treillagé clôture,
Des poiriers en quenouille et d’autres en cordon
Racontent joliment leur rêverie obscure
Aux carrés des fraisiers, aux cloches des melons ;

Quelque rigole d’eau rieuse, vive et claire,
S’efforce vainement de les distraire,
Et même le curé, sa messe dite enfin,
S’il vient près du banc vert lire son bréviaire
Ou cultiver ses plants, arrosoir, bêche en main ;

Ils disent la douceur de leur bonheur tranquille
Dans le calme (oh, loin de la ville !)
De ce tout petit clos villageois, ce pendant
Qu’alentour et sur eux la trame se parfile
Des carillons naïfs du vieux clocher chantant

Ou que, lent et meuglant par la proche montagne,
Le troupeau des vaches regagne
L’étable où près du seuil rit le frais abreuvoir
Et qu’aux chemins en pente et fleuris l’accompagne
Un doux son de clarine en allé vers le soir.


(Vers inédits.)