Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/15

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des qualités et des défauts des auteurs, mais une critique toujours instructive forment de leurs ouvrages un tableau animé de la littérature au temps où ils écrivaient. Sous ce rapport, l'un et l'autre sont incontestablement supérieurs aux Mémoires secrets : mais là, selon nous, se borne leur avantage, et nous pensons qu'il est loin de l'emporter sur l'intérêt que présente le recueil attribué à Bachaumont ; recueil qui n'est point exclusivement consacré à l'examen de productions littéraires, et où se trouvent enregistrés, à leur date, au moment même de leur éclat, tous les événemens politiques de quelque importance, et les anecdotes, parfois scandaleuses, de la cour et de la ville. Pour La Harpe et Grimm, dont les feuilles étaient envoyées dans des cours étrangères, c'était un devoir de mettre dans leurs récits beaucoup de réserve et de retenue à l'égard de personnages que leur naissance ou leur position sociale appelait à jouer un rôle distingué dans le monde. Ce devoir, on est souvent tenté de regretter qu'ils l'aient si fidèlement rempli, car il résulte quelquefois de leur sage retenue que des faits intéressans et bons à connaître sont passés sous silence. Bachaumont, au contraire, tient registre de tout : semblable à la Renommée, qu'on nous peint


Tam fieti pravique tenax quam nuncia veri,


il rapporte indistinctement tous les bruits, toutes les nouvelles. Son plan, il est vrai, présente bien des in-