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À Léon Gatayes


 
Avec ses sanglots, l’instrument rebelle,
Qui sent un pouvoir plus fort que le sien,
Donne l’harmonie enivrante et belle
Au musicien.

Le cheval meurtri, qui saigne et qui pleure,
Cède au cavalier, rare parmi nous,
Dont aucun effort ne peut avant l’heure
Lasser les genoux.

De même d’abord, le Rhythme farouche
Devant la Pensée écume d’horreur,
Et, pour se soustraire au dieu qui le touche,
Se cabre en fureur.

Mais bientôt, léchant la main qui l’opprime,
Il marche en cadence, et comme par jeu,
Son vainqueur lui met le mors de la Rime
Dans sa bouche en feu.