Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/145

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Leur sein insensible et froid
Que mord le corset étroit,
N’a jamais pendant un jour
Tremblé d’amour.

Idoles ivres d’encens,
Dont rien n’éveille les sens,
Elle n’ont jamais pleuré
Ni soupiré.

Plus pâles que nos Ennuis,
Ces spectres des folles nuits
Ne mentent même pas bien,
Et n’aiment rien.

Rien ! ni l’orgie et le bal
Qui se tord en carnaval
Sous les clairons furieux,
La flamme aux yeux,

Ni le Vin, or ruisselant,
Âme du raisin sanglant
Qui met ses riches manteaux
Sur nos coteaux,

Ni la colère du Jeu,
Qui rend puissants comme un dieu
Les combattants éblouis
De ses louis,