Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/162

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Ô sombres penseurs
Forts et seuls comme les grands chênes,
Ô vierges nos sœurs,
Tendres lys brisés par des chaînes !
Laissez le saint amour
Éclater au grand jour,
Car Cypris, la pâle captive,
A lavé son front dans l’eau vive :
Les temps sont venus
Pour les Dieux inconnus !

Tout ce qu’on pleura,
Dévouement, liberté, génie,
Tout refleurira
Pour le règne de l’harmonie :
L’art sera dévoilé
Comme un ciel étoilé,
Et la Muse, pareille aux femmes,
Chantera ses épithalames :
Les temps sont venus
Pour les Dieux inconnus !

Je vois les doux vers
Rejaillir en strophes écloses,
Et des arbres verts
Un miel pur couler dans les roses.
Les Grâces vont pieds nus
Sur les monts chevelus