Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/187

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Statuaire, que le vil piège
De la chair appelait en vain,
Tu sais du marbre au flanc de neige
Faire jaillir un corps divin,

Et ravir à la nuit fatale
Son frissonnement enchanté,
Et le vêtir, forme idéale,
D’une invincible chasteté.

Et la Nature, ô coloriste !
Veut que tu prennes ses trésors :
Diamant, rubis, améthyste,
Et les bleus saphirs et les ors ;

Et, par ton génie animées,
Tu fais, pour enchanter nos yeux,
Avec ces matières charmées
Un mélange mystérieux !

Russie, Égypte, Espagne, Grèce,
Où les grands Dieux vivent encor,
On voit, si tu veux qu’il paraisse,
Tout le prodigieux décor :

Vertes forêts, plaines moroses,
Mers d’azur aux charmants reflets,
Pics géants de neige, ciels roses,
Montagnes aux flancs violets ;