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LES STALACTITES


C’est Galatée ou Vénus même
Qui, dans l’éclat du flot profond,
Se joue et me sourit au fond
De mon grand verre de Bohème.

Chantons Io Pæan !

Cette autre Cypris, plus galante,
Naît du nectar si bien chanté,
Et laisse voir sa nudité
Sous une pourpre étincelante.

La treille a ployé tout le long des murs,
Allez, vendangeurs, les raisins sont mûrs !

Plus d’amante froide ou traîtresse,
Plus de poëtes envieux !
Dans ce grand verre de vin vieux
Pleure une immortelle maîtresse,

Chantons Io Pæan !

Et, comme un ballet magnifique,
Je vois, dans le flacon vermeil,
Couleur de lune et de soleil,
Des rhythmes danser en musique !

La treille a ployé tout le long des murs,
Allez, vendangeurs, les raisins sont mûrs !


Septembre 1844.