Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/61

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Un frisson glisse sur mon col,
Et glace ma lèvre déclose. —
Si je le dis au rossignol,
Il ira le dire à la rose.

Qui donc saura le supplier
De finir mes peines mortelles ? —
Si je le dis au blanc ramier,
Il l’ira dire aux tourterelles.

Je me ploie ainsi qu’un roseau
Et ma beauté penche flétrie. —
Si je le dis au bleu ruisseau,
Il l’ira dire à la prairie.

Vous qui voyez mon désespoir,
Flots, ailes, brises des montagnes ! —
Si je le dis à mon miroir,
Il l’ira dire à mes compagnes.

Parce que je languis d’amour,
Vous qui voyez que je me pâme, —
Allez, allez de ce séjour
Vers le bien-aimé de mon âme !


Juillet 1844.