Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/74

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Myrrha.

Quelle autre ivresse attend les deux lèvres choisies
Qui, goûtant de ton cou les blanches ambroisies
Et buvant à longs traits les flammes que j’y sens,
Y feront circuler des frissons rougissants !


Néère.

Vois comme l’onde est calme, et comme la Naïade,
Dont la molle fraîcheur invite et persuade,
Semble tourner vers nous l’azur de ses yeux bleus.


Myrrha.

Dans ses bras palpitants descendons toutes deux.
Confions notre tête à son bruit qui fascine,
Et notre épaule blonde à sa douce poitrine.


Néère.

Goûtons auparavant ce doux vin. Pour nos jeux
La grappe y mit la force et l’emplit de ses feux.


Myrrha.

Oui, mais la coupe d’or est froide à qui la touche.
Quel or vaut, ô ma sœur, les roses de ta bouche !


Néère.

Tenons-nous par la main. Ah ! ce flot est glacé !
Entoure bien mon cou de ton bras enlacé.