Page:De l'État des nègres relativement à la prospérité des colonies françaises et de leur métropole Discours aux représentants de la nation, 1789.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Avertissement.


Les Métaphyſiciens qui ont rédigé la déclaration des droits de l’homme, & armé d’un bout du royaume à l’autre ceux qui n’ont rien contre ceux qui poſsèdent, ne manqueront pas de vouloir rendre bruſquement la liberté aux Nègres, ſans s’inquiéter des ſuites d’un décret qui bouleversera toutes nos poſſeſſions coloniales, & les arrachera violemment à la Mere-patrie.

Les amis des Noirs ont une tendreſſe ſi aveugle pour l’Afrique, que, dans le plan de la félicité générale qui les occupe, ils oublient entiérement l’Europe & l’Amérique : ils ne conſidèrent la queſtion que dans le point du Droit naturel, oubliant exprès les rapports ſociaux & politiques ; comme ſi un Empire, un Gouvernement, une Marine & des Colonies étoient l’état de pure nature.

Mais, puiſque la métaphyſique & les abſtractions décident aujourd’hui du ſort des François, nous ne craindrons pas de diſcuter, dans un Mémoire à part, la queſtion de la ſervitude & de l’eſclavage, en l’appliquant à nos Domeſtiques, à nos Payſans & aux Nègres