Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/13

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Royaume, où ils aborderent de toutes parts, and mesmement d'Italie: entre lesquels estoit vn grand Sorcier Neapolitain, qu'on appelloit le Conseruateur, and qui a esté assez cogneu pat ses actes: and depuis ont continué, en sorte que le Sorcier Troiseschelles Manceau ayant eu sa grace, apres le iugeme (02) t de mort contre luy donné, à la charge de deferer ses complices, dict qu'il y en auoit plus de cent mil en ce Royaume, peut estre faussement, and pour amoindrir son impieté ayant si belle compagnie. Quoy qu'il en soit il en defera fort grand nombre: Mais on y donna si bon ordre, que tous où la plus-part reschapperent: and encores qu'ils confessassent des meschancetez si execrables, que l'air en estoit infect. Dequoy Dieu irrité a enuoyé de terribles persecutions, comme il a menacé par sa loy2 d'exterminer les peuples qui souffriront viure les Sorciers. C'est pourquoy sainct Augustin au liure de la Cité, dit que toutes les sectes, qui iamais ont esté, ont decemé peines contre les Sorciers. Ie n'excepte que les Epicuriens, que Plutarque au liure de Oraculum defectu, and Origene contre Celsus l'Epicurien, ont refuté, and apres eux, Iamblique, Procle Academiques, ont destruict les fondemens de la secte Epicurienne: combien qu'ils estoient assez ruinez par les principes de la Metaphysique d'Aristote: où il conclud par necessité qu'il y a autant de cieux, qu'il y a d'intelligences, ou esprits intelligibles pour les mouuoir: lesquelles intelligences il dict estre separees des corps, and que l'Ange se meuue au mouuement de son ciel, comme l'ame de l'homme se meuue au mouueme (02) t de l'hõme, qui est bien pour monstrer, que la dispute des Anges, and Demons ne se peut traiter Physicalement: Et que ceux-là s'abusent bien fort, qui denient qu'il y ait quelque chose possible, qui soit impossible par nature. Car l'attouchement, le mouuement, le lieu ne peut conuenir sinon au corps,4 and en corps parlant en Physicien: Et neantmoins si la verité est tousiours semblable à soymesmes, il faut confesser que l'attouchement, le mouuement, and le lieu conuiennent aux esprits, aussi bien comme au corps, ce qu'Aristote a demonstré en sa Metaphy sique5 parlant des Anges, ou Intelligences, qui meuuent les cieux: Combien que Plutarque6 and Apulee7 disent qu'Aristote -notes- 2Itemit.c. 20. 4li. 4 and 6. 4. [Greek omitted] Arist. s. li. 8. 6in lide Dæmon Servas. 7in li. 1 Socratis. Page 9