Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/132

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semblables à des canards, qui furent un excellent manger. Dans l’après-midi je me mis à l’œuvre pour faire une table.

Le 4. — Je commençai à régler mon temps de travail et de sortie, mon temps de repos et de récréation, et suivant cette règle que je continuai d’observer, le matin, s’il ne pleuvait pas, je sortais avec mon fusil pour deux ou trois heures ; je travaillais ensuite jusqu’à onze heures environ, puis je mangeais ce que je pouvais avoir ; de midi à deux heures je me couchais pour dormir, à cause de la chaleur accablante ; et, dans la soirée, je me remettais à l’ouvrage. Tout mon temps de travail de ce jour-là et du suivant fut employé à me faire une table ; car je n’étais alors qu’un triste ouvrier ; mais bientôt après le temps et la nécessité firent de moi un parfait artisan comme ils l’auraient fait, je pense, de tout autre.

Le 5. — Je sortis avec mon fusil et mon chien, et je tuai un chat sauvage ; sa peau était assez douce, mais sa chair ne valait rien. J’écorchais chaque animal que je tuais, et j’en conservais la peau. En revenant le long du rivage je vis plusieurs espèces d’oiseaux de mer qui m’étaient inconnus ; mais je fus étonné et presque effrayé par deux ou trois veaux marins, qui, tandis que je les fixais du regard, ne sachant pas trop ce qu’ils étaient, se culbutèrent dans l’eau et m’échappèrent pour cette fois.

Le 6. — Après ma promenade du matin, je me mis à travailler de nouveau à ma table, et je l’achevai, non pas à ma fantaisie ; mais il ne se passa pas longtemps avant que je fusse en état d’en corriger les défauts.

Le 7. — Le ciel commença à se mettre au beau. Les 7, 8, 9, 10, et une partie du 12, — le 11 était un dimanche, — je passai tout mon temps à me fabriquer une chaise, et, avec beaucoup de peine, je l’amenai à une