Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de retrouver ma première demeure en explorant le pays ; mais je m’abusais ; car, lorsque j’eus fait deux ou trois milles, je me trouvai descendu dans une immense vallée environnée de collines si boisées, que rien ne pouvait me diriger dans ma route, le soleil excepté, encore eût-il fallu au moins que je connusse très bien la position de cet astre à cette heure du jour.

Il arriva que pour surcroît d’infortune, tandis que j’étais dans cette vallée, le temps se couvrit de brumes pour trois ou quatre jours. Comme il ne m’était pas possible de voir le soleil, je rôdai très malencontreusement, et je fus enfin obligé de regagner le bord de la mer, de chercher mon jalon et de reprendre la route par laquelle j’étais venu. Alors je retournai chez moi, mais à petites journées, le soleil étant excessivement chaud, et mon fusil, mes munitions, ma hache et tout mon équipement extrêmement lourds.

Mon chien, dans ce trajet, surprit un jeune chevreau et le saisit. J’accourus aussitôt, je m’en emparai et le sauvai vivant de sa gueule. J’avais un très grand désir de l’amener à la maison s’il était possible ; souvent j’avais songé aux moyens de prendre un cabri ou deux pour former une race de boucs domestiques, qui pourraient fournir à ma nourriture quand ma poudre et mon plomb seraient consommés.

Je fis un collier pour cette petite créature, et, avec un cordon que je tressai avec du fil de caret, que je portais toujours avec moi, je le menai en laisse, non sans difficulté, jusqu’à ce que je fusse arrivé à ma tonnelle, où je l’enfermai et le laissai ; j’étais si impatient de rentrer chez moi après un mois d’absence.

Je ne saurais comment exprimer quelle satisfaction ce