Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/55

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bon sens ; car aurait-on pu imaginer que nous faisions route au Sud, vers une côte véritablement barbare, où nous étions sûrs que toutes les peuplades de nègres nous entoureraient de leurs canots et nous désoleraient ; où nous ne pourrions aller au rivage sans être dévorés par les bêtes sauvages ou par de plus impitoyables sauvages de l’espèce humaine.

Mais aussitôt qu’il fit sombre, je changeai de route, et je gouvernai au Sud-Est, inclinant un peu ma course vers l’Est, pour ne pas m’éloigner de la côte ; et, ayant un bon vent, une mer calme et unie, je fis tellement de la voile, que le lendemain, à trois heures de l’après-midi, quand je découvris premièrement la terre, je devais être au moins à cent cinquante milles au Sud de Sallé, tout à fait au-delà des États de l’Empereur de Maroc, et même de tout autre roi de par là, car nous ne vîmes personne.