Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/87

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nous l’ignorions. Il ne nous restait qu’une faible lueur d’espoir, c’était d’atteindre une baie, une embouchure de fleuve, où par un grand bonheur nous pourrions faire entrer notre barque, l’abriter du vent, et peut-être même trouver le calme. Mais rien de tout cela n’apparaissait ; mais à mesure que nous approchions de la rive, la terre nous semblait plus redoutable que la mer.

Après avoir ramé, ou plutôt dérivé pendant une lieue et demie, à ce que nous jugions, une vague furieuse, s’élevant comme une montagne, vint, en roulant à notre arrière, nous annoncer notre coup de grâce. Bref, elle nous saisit avec tant de furie que d’un seul coup elle fit chavirer la chaloupe et nous en jeta loin, séparés les uns des autres, en nous laissant à peine le temps de dire « ô mon Dieu ! » car nous fûmes tous engloutis en un moment.