Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/106

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— c’était moi qu’ils désignaient ainsi, — leur en avait donné la possession, que personne qu’eux n’y avait droit ; et que, de par touts les diables, ils ne leur permettraient point de faire des constructions sur leur terrain, à moins d’en payer le loyer.

Les deux hommes crurent d’abord qu’ils voulaient rire ; ils les prièrent de venir s’asseoir auprès d’eux, d’examiner les magnifiques maisons qu’ils avaient construites et d’en fixer eux-mêmes le loyer ; l’un d’eux ajouta en plaisantant que s’ils étaient effectivement les propriétaires du sol il espérait que, bâtissant sur ce terrain et y faisant des améliorations, on devait, selon la coutume de touts les propriétaires, leur accorder un long bail, et il les engagea à amener un notaire pour rédiger l’acte. Un des trois scélérats se mit à jurer, et, entrant en fureur, leur dit qu’il allait leur faire voir qu’ils ne riaient pas ; en même temps il s’approche de l’endroit où ces honnêtes gens avaient allumé du feu pour cuire leurs aliments, prend un tison, l’applique sur la partie extérieure de leur hutte et y met le feu : elle aurait brûlé tout entière en quelques minutes si l’un des deux, courant à ce coquin, ne l’eût chassé et n’eût éteint le feu avec ses pieds, sans de grandes difficultés.

Le vaurien furieux d’être ainsi repoussé par cet honnête homme, s’avança sur lui avec un gros bâton qu’il tenait à la main ; et si l’autre n’eût évité adroitement le coup et ne se fût enfui dans la hutte, c’en était fait de sa vie. Son camarade voyant le danger où ils étaient touts deux, courut le rejoindre, et bientôt ils ressortirent ensemble, avec leurs mousquets ; celui qui avait été frappé étendit à terre d’un coup de crosse le coquin qui avait commencé la querelle avant que les deux autres pussent arriver à son aide ; puis, les voyant venir à eux, ils leur présentèrent le canon de