Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/140

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si on les tuait, tant serait fini pour eux ; qu’ils n’avaient ni femmes ni enfants pour les pleurer. Bref, ils renouvelèrent leur demande avec instance, déclarant que de toute manière ils partiraient, qu’on leur donnât ou non des armes.

Les Espagnols leur dirent, avec beaucoup de bonté, que, s’ils étaient absolument décidés à partir, ils ne devaient pas se mettre en route dénués de tout et sans moyens de défense ; et que, bien qu’il leur fût pénible de se défaire de leurs armes à feu, n’en ayant pas assez pour eux-mêmes, cependant ils leur donneraient deux mousquets, un pistolet, et de plus un coutelas et à chacun une hachette ; ce qu’ils jugeaient devoir leur suffire.

En un mot, les Anglais acceptèrent cette offre ; et, les Espagnols leur ayant cuit assez de pain pour subsister pendant un mois et leur ayant donné autant de viande de chèvre qu’ils en pourraient manger pendant qu’elle serait fraîche, ainsi qu’un grand panier de raisins secs, une cruche d’eau douce et un jeune chevreau vivant, ils montèrent hardiment dans un canot pour traverser une mer qui avait au moins quarante milles de large.