Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/143

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Bientôt on fit entrer nos trois coureurs, et on les questionna sur le lieu où ils étaient allés et sur ce qu’ils avaient fait. En peu de mots ils racontèrent tout leur voyage. Ils avaient, dirent-ils, atteint la terre en deux jours ou un peu moins ; mais, voyant les habitants alarmés à leur approche et s’armant de leurs arcs et de leurs flèches pour les combattre, ils n’avaient pas osé débarquer, et avaient fait voile au Nord pendant six ou sept heures ; alors ils étaient arrivés à un grand chenal, qui leur fit reconnaître que la terre qu’on découvrait de notre domaine n’était pas le continent, mais une île. Après être entrés dans ce bras de mer, ils avaient apperçu une autre île à droite, vers le Nord, et plusieurs autres à l’Ouest. Décidés à aborder n’importe où, ils s’étaient dirigés vers l’une des îles situées à l’Ouest, et étaient hardiment descendus au rivage. Là ils avaient trouvé des habitants affables et bienveillants, qui leur avaient donné quantité de racines et quelques poissons secs, et s’étaient montrés très-sociables. Les femmes aussi bien que les hommes s’étaient empressés de les pourvoir de touts les aliments qu’ils avaient pu se procurer, et qu’ils avaient apportés de fort loin sur leur tête.

Ils demeurèrent quatre jours parmi ces naturels. Leur ayant demandé par signes, du mieux qu’il leur était possible, quelles étaient les nations environnantes, ceux-ci répondirent que presque de touts côtés habitaient des peuples farouches et terribles qui, à ce qu’ils leur donnèrent à entendre, avaient coutume de manger des hommes. Quant à eux, ils dirent qu’ils ne mangeaient jamais ni hommes ni femmes excepté ceux qu’ils prenaient à la guerre ; puis, ils avouèrent qu’ils faisaient de grands festins avec la chair de leurs prisonniers.

Les Anglais leur demandèrent à quelle époque ils avaient