Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/166

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qui étaient allés en avant, craignant que ceux-ci ou un plus grand nombre ne vînt à découvrir le chemin de leur retraite dans le bois, où étaient leurs femmes et le peu d’objets qu’ils y avaient déposés. Ils apperçurent enfin les deux Indiens, mais ils étaient fort éloignés ; néanmoins ils les virent, à leur grande satisfaction, traverser une vallée proche de la mer, chemin directement opposé à celui qui conduisait à leur retraite pour laquelle ils étaient en de si vives craintes. Tranquillisés sur ce point, ils retournèrent à l’arbre où ils avaient laissé leur prisonnier, qui, à ce qu’ils supposèrent, avait été délivré par ses camarades, car les deux bouts de corde qui avaient servi à l’attacher étaient encore au pied de l’arbre.

Se trouvant alors dans un aussi grand embarras que précédemment ; ne sachant de quel côté se diriger, ni à quelle distance était l’ennemi, ni quelles étaient ses forces, ils prirent la résolution d’aller à la grotte où leurs femmes avaient été conduites, afin de voir si tout s’y passait bien, et pour les délivrer de l’effroi où sûrement elles étaient, car, bien que les Sauvages fussent leurs compatriotes, elles en avaient une peur horrible, et d’autant plus peut-être qu’elles savaient tout ce qu’ils valaient.

Les Anglais à leur arrivée virent que les Sauvages avaient passé dans le bois, et même très-près du lieu de leur retraite, sans toutefois l’avoir découvert ; car l’épais fourré qui l’entourait en rendait l’abord inaccessible pour quiconque n’eût pas été guidé par quelque affilié, et nos barbares ne l’étaient point. Ils trouvèrent donc toutes choses en bon ordre, seulement les femmes étaient glacées d’effroi. Tandis qu’ils étaient là, à leur grande joie, sept des Espagnols arrivèrent à leur secours. Les dix autres avec leurs serviteurs, et le vieux Vendredi, je veux dire le père de Vendredi,