Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/228

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fuserait de partir s’il ne pouvait transporter avec lui sa femme et ses enfants ; et que, s’il se trouvait un ecclésiastique à bord, il se marierait avec elle sur-le-champ et de tout cœur.

C’était là justement ce que je voulais. Le prêtre n’était pas avec moi en ce moment, mais il n’était pas loin. Je dis donc à Atkins, pour l’éprouver jusqu’au bout, que j’avais avec moi un ecclésiastique, et que, s’il était sincère, je le marierais le lendemain ; puis je l’engageai à y réfléchir et à en causer avec les autres. Il me répondit que, quant à lui-même, il n’avait nullement besoin de réflexion, car il était fort disposé à cela, et fort aise que j’eusse un ministre avec moi. Son opinion était d’ailleurs que touts y consentiraient également. Je lui déclarai alors que mon ami le ministre était Français et ne parlait pas anglais ; mais que je ferais entre eux l’office de clerc. Il ne me demanda seulement pas s’il était papiste ou protestant, ce que vraiment je redoutais. Jamais même il ne fut question de cela. Sur ce nous nous séparâmes. Moi je retournai vers mon ecclésiastique et William Atkins rentra pour s’entretenir avec ses compagnons. — Je recommandai au prêtre français de ne rien leur dire jusqu’à ce que l’affaire fût tout-à-fait mûre, et je lui communiquai leur réponse.