Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/238

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promettent ce que nous demandons, notre pouvoir s’arrête là ; nous sommes tenus d’accepter leurs bonnes paroles. Mais croyez-moi, sir, continua-t-il, quoi que vous ayez pu apprendre de la vie de cet homme que vous nommez William Atkins, j’ai la conviction qu’il est parmi eux le seul sincèrement converti. Je le regarde comme un vrai pénitent. Non que je désespère des autres. Mais cet homme-ci est profondément frappé des égarements de sa vie passée, et je ne doute pas que lorsqu’il viendra à parler de religion à sa femme, il ne s’en pénètre lui-même efficacement ; car s’efforcer d’instruire les autres est souvent le meilleur moyen de s’instruire soi-même. J’ai connu un homme qui, ajouta-t-il, n’ayant de la religion que des notions sommaires, et menant une vie au plus haut point coupable et perdue de débauches, en vint à une complète résipiscence en s’appliquant à convertir un Juif. Si donc le pauvre Atkins se met une fois à parler sérieusement de Jésus-Christ à sa femme, ma vie à parier qu’il entre par-là lui-même dans la voie d’une entière conversion et d’une sincère pénitence. Et qui sait ce qui peut s’ensuivre ? »

D’après cette conversation cependant, et les susdites promesses de s’efforcer à persuader aux femmes d’embrasser le Christianisme, le prêtre maria les trois couples présents. Will Atkins et sa femme n’étaient pas encore rentrés. Les épousailles faites, après avoir attendu quelque temps, mon ecclésiastique fut curieux de savoir où était allé Atkins ; et, se tournant vers moi, il me dit : — « Sir, je vous en supplie, sortons de votre labyrinthe, et allons voir. J’ose avancer que nous trouverons par là ce pauvre homme causant sérieusement avec sa femme, et lui enseignant déjà quelque chose de la religion. » — Je commençais à être de même avis. Nous sortîmes donc ensemble, et je le menai