Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce qui se passait entre vous et votre femme ; j’en sais quelque chose déjà.

W. A. — Sir, il me serait impossible de vous en donner un récit parfait. J’en suis trop plein pour le taire, cependant la parole me manque pour l’exprimer. Mais, quoiqu’elle ait dit, et bien que je ne puisse vous en rendre compte, je puis toutefois vous en déclarer ceci, que je suis résolu à m’amender et à réformer ma vie.

R. C. — De grâce, dites-nous en quelques mots. Comment commençâtes-vous, Will ? Chose certaine, le cas a été extraordinaire. C’est effectivement un sermon qu’elle vous a prêché, si elle a opéré sur vous cet amendement.

W. A. — Eh bien, je lui exposai d’abord la nature de nos lois sur le mariage, et les raisons pour lesquelles l’homme et la femme sont dans l’obligation de former des nœuds tels qu’il ne soit au pouvoir ni de l’un ni de l’autre de les rompre ; qu’autrement l’ordre et la justice ne pourraient être maintenus ; que les hommes répudieraient leurs femmes et abandonneraient leurs enfants, et vivraient dans la promiscuité, et que les familles ne pourraient se perpétuer ni les héritages se régler par une descendance légale.

R. C. — Vous parlez comme un légiste, Will. Mais pûtes-vous lui faire comprendre ce que vous entendez par héritage et famille ? On ne sait rien de cela parmi les Sauvages, on s’y marie n’importe comment, sans avoir égard à la parenté, à la consanguinité ou à la famille : le frère avec la sœur, et même, comme il m’a été dit, le père avec la fille, le fils avec la mère.

W. A. — Je crois, sir, que vous êtes mal informé ; — ma femme m’assure le contraire, et qu’ils ont horreur de cela. Peut-être pour quelques parentés plus éloignées ne sont-ils pas aussi rigides que nous ; mais elle m’affirme qu’il