Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/251

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Will Atkins sourit à ces mots : que Dieu n’avait pas fait son pays.

La Femme. — Pas rire, Pourquoi me rire ? ça pas chose à rire.

Il était blâmé à bon droit ; car elle se montrait plus grave que lui-même d’abord.

William Atkins. — C’est très-vrai. Je ne rirai plus, ma chère.

La Femme. — Pourquoi vous dire, votre Dieu a fait tout ?

W. A. — Oui, enfant, notre Dieu a fait le monde entier, et vous, et moi, et toutes choses ; car il est le seul vrai Dieu. Il n’y a point d’autre Dieu que lui. Il habite à jamais dans le Ciel.

La Femme. — Pourquoi vous pas dire ça à moi depuis long-temps ?

W. A. — C’est vrai. En effet ; mais j’ai été un grand misérable, et j’ai non-seulement oublié jusqu’ici de t’instruire de tout cela, mais encore j’ai vécu moi-même comme s’il n’y avait pas de Dieu au monde.

La Femme. — Quoi ! vous avoir le grand Dieu dans votre pays ; vous pas connaître lui ? Pas dire : O ! à lui ? Pas faire bonne chose pour lui ? Ça pas possible !

W. A. — Tout cela n’est que trop vrai : nous vivons comme s’il n’y avait pas un Dieu dans le Ciel ou qu’il n’eût point de pouvoir sur la terre.

La Femme. — Mais pourquoi Dieu laisse vous faire ainsi ? Pourquoi lui pas faire vous bien vivre ?

W. A. — C’est entièrement notre faute.