Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/372

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était possible de disposer de nous et de nos marchandises d’une manière quelconque, même désavantageuse, de ne jamais remonter à bord de ce navire de malheur. Oui, il me faut ici le reconnaître, de toutes les circonstances de la vie dont j’ai fait quelque expérience, nulle ne rend l’homme si complètement misérable qu’une crainte continuelle. L’Écriture dit avec raison : — « L’effroi que conçoit un homme lui tend un piége. » C’est une mort dans la vie ; elle oppresse tellement l’âme qu’elle la plonge dans l’inertie ; elle étouffe les esprits animaux et abat toute cette vigueur naturelle qui soutient ordinairement l’homme dans ses afflictions, et qu’il retrouve toujours dans les plus grandes perplexités[1].

  1. On a passé sous silence toute la fin de ce paragraphe dans la traduction contemporaine, indigne du beau nom de madame Tastu, où, soi-disant, on s’est borné au rôle de traducteur fidèle. P. B.