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d’êtres qui semblent hétérogènes donne naissance à de nouvelles machines organisées et la chaîne multiplie ses anneaux. » Il ajoute : « Cette tendance est une espèce de gravitation qui à ses lois comme celles des astronomes. »[1]

Après Geoffroy Saint-Hilaire les choses restèrent un moment en suspens, lorsque tout à coup le livre de M. Darwin vint donner l’éveil au monde savant. On opposa en vain le grand nom de Cuvier à la transformation des espèces, celle-ci fit des progrès et ses adeptes devinrent de plus en plus nombreux. C’est alors que notre honorable professeur M. Gourdon, se faisant le redoutable champion de cette idée, développa cette thèse devant les sociétés savantes de Toulouse et la fit connaître à ses élèves.

Oui, nous l’admettons, la transformation des espèces et l’unité originaire du type, parce que le grand livre géognostique est là pour nous dire la marche progressive de la création.

C’est assez hasardé, ce nous semble, d’avancer comme Cuvier qu’il y a eu trois créations successives ou d’en admettre vingt-sept à l’exemple de Dorbigny. Et puis, ne répugne-t-il pas à l’esprit de faire apparaître sur la terre un mammouth grand comme trois ou quatre éléphants, par la seule action des causes extérieures ?

Non, non, la main toute puissante qui dirige les phénomènes du monde ne travaille pas ainsi. La nature n’accomplit pas ses œuvres par soubresauts, tout est graduellement réglé, et les lois qui régissent les êtres sont immuables. « La nature (a dit un philosophe, que l’on devrait appeler le Newton de l’entendement), qu’on l’ob-

  1. Philosophie de la nature t. 1 page 181 — Londres 1777