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LEÇONS

« les bassins où elle est fixée par le centre de gravité de la terre, que j’appellerai à la formation de nos couches, mais j’y employerai ses eaux dans le plus violent état d’agitation où elles puissent se trouver. Ce ne sera pas par de débiles courans que je ferai ouvrir nos vallées secondaires, mais par la toute puissance que l’eau peut recevoir de la réunion du poids d’une très-grande masse à une chute précipitée : ce ne sera pas sur le sommet d’une montagne que je ferai vivre les coquilles pélagiennes ; mais je les y transporterai de la plus grande profondeur des mers. Je ne réclamerai point de circonstances particulières pour mêler les productions de l’Océan avec celles de la terre ; mais j’y appliquerai un désordre tel, que les matières les plus dissemblables, les plus séparées par leur nature et leur origine, se rencontreront ; que les plus légères se placeront sur les plus pesantes ; que les masses du plus grand volume seront transportées aussi aisément que les grains de sable, et se trouveront, bien des siècles après, reposant sur des montagnes auxquelles elles sont entièrement étrangères. Ce n’est pas le tems que j’invoquerai, c’est la force. On ne place en général sa confiance dans l’un, que quand on ne sait où trouver l’autre.

« Ces marées, dit-il pag. 404, Journal de Physique, tom. 39, n’ont dû commencer que long-tems après la grande catastrophe qui a élevé les montagnes primitives. J’ai lieu de présumer que ces grandes et extraordinaires marées ont eu un commencement progressif, et qu’elles ont diminué de même. Je ne supposerai pas une bien grande antiquité à l’ordre actuel de la nature ; car la race des hommes était bien récente il y a six mille ans : à moins qu’elle ne se fut alors renouvelée après une destruction presque entière.

« Des marées de huit cents toises pourraient suffire pour éétendre sur la terre toutes les couches horizontales que nous