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DE GÉOLOGIE.


« Je ne crois pas, dit-il[1], que les courans des mers aient formé les vallées et les plaines. Mon système, là-dessus, est formé sur un grand nombre d’observations que j’ai faites dans des voyages lithologiques en France, en Angleterre, en Suisse, en Savoie. Je pense que les rivières, et autres eaux courantes, en sillonnant le globe de mille façons différentes, ont produit les excavations et les attérissemens que nous voyons partout. Afin de prouver ce fait d’une manière incontestable, j’ai choisi le Vallais, qui est la plus grande vallée de la Suisse, et la Craw, qui est la plaine la plus curieuse de la France. Je ferai voir que le Vallais, ainsi que toute la vallée où coule le Rhône, est l’ouvrage de ce fleuve ; et que la vaste plaine de la Craw doit son origine à la Durance, qui a changé son cours depuis plus de trois mille ans. Mille observations me prouvent encore que les vallées sousmarines ont été formées par les rivières, avant l’existence de l’Océan. Elles sont aujourd’hui la cause bien plus que les effets des courans. Selon moi, de grands lacs distribués par toute la terre, y ont déposé les fossiles que nous y trouvons ensevelis. Ces lacs, s’ouvrant peu à peu des passages, ont produit des inondations mémorables. Des animaux aquatiques ont été mêlés avec les animaux terrestres, comme nous le voyons à Aix (en Provence), et ailleurs. Ces grands lacs, par leur écoulement successif et leur réunion, ont formé l’Océan. Ils ont laissé partout des traces de leur existence. Nous en voyons encore quelques-uns dans l’intérieur des terres, qui se réuniront un jour à la grande masse des eaux.

« Les lacs nourrissaient des espèces d’animaux, qui ont péri quand ils se sont écoulés. Delà tant de coquillages dont les

  1. Journal de Physique, 1780, tom. 18, pag. 474