Page:Demosthene - Plaidoyers civils, Dareste, 1875, T01.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
CONTRE BŒOTOS. I. 421

chose à répondre : « Mantias, dirais-tu, m’a adopté de son vivant. » - « Mais quelle preuve, ajoutent-on, quel témoignage peux-tu donner de ce fait ? » Tu diras : « Il m’a présenté à la phratrie. » - « Sous quel nom t’a-t-il donc fait inscrire ? » - « Sous le nom de Bœotos », répondras-tu, car c’est sous ce nom que tu as été présenté. Eh bien, vois ce que tu fais. Si tu as une part dans la cité, dans la succession de Mantias, c’est ce nom de Bœotos qui te l’a donnée, et tu juges à propos de le rejeter pour en prendre un autre.

Voyons. Si mon père, revenant à la vie, te mettait en demeure ou de conserver le nom sous lequel il t’a adopté, ou de te dire le fils d’un autre père, son exigence ne te paraîtrait-elle pas raisonnable ? Eh bien, c’est précisément la même chose que j’exige de toi aujourd’hui, ou d’ajouter à ton nom celui d’un autre père, ou de garder le nom que Mantias t’a donné. C’est, dis-tu, par une sorte d’injure et de dérision que ce nom t’a été imposé. Mais lorsque mon père refusait d’adopter ces hommes, que de fois n’ont-ils pas dit que les parents de leur mère valent bien ceux de mon père ? Or Bœotos est le nom que porte le frère de la mère de cet homme. Lors donc que mon père fut contraint de les présenter à la phratrie, comme il m’avait déjà présenté sous le nom de Mantithée, il présenta celui-ci sous le nom de Bœotos et son frère sous le nom de Pamphilos. Cite-nous maintenant un seul Athénien qui ait donné le même nom à ses deux enfants. Si tu peux m’en citer un seul, je t’accorderai que c’est par dérision que ce nom t’a été imposé par mon père. Tu voulais bien, peut-être, le contraindre à t’adopter, mais tu ne cherchais pas comment tu pourrais lui être agréable. En ce cas, tu n’étais pas ce qu’on doit être envers ses parents. Dès lors, tu n’as pas le droit de te plaindre. Si