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122 MANTITHÉE

on te faisait périr, tu n’aurais que ce que tu mérites. En vérité, il serait étrange que les lois protectrices de l’autorité paternelle frappassent les enfants spontanément reconnus par le père, et demeurassent impuissantes à l’égard de ceux qui ont employé la contrainte pour se faire adopter.

Mets donc fin, ô fâcheux personnage, au rôle que tu joues. Si tu t’y refuses absolument, par Jupiter, suis dit moins mon conseil en ceci : Cesse de te faire des affaires, cesse de me tracasser par de méchants procès ; contente-toi d’avoir trouvé une patrie, un patrimoine, un père. Personne ne te conteste ces biens, et je ne te les conteste pas davantage. Tu prétends être mon frère. Eh bien, agis en frère envers moi, et on reconnaîtra que tu es du même sang. Si tu préfères me tendre des embûches, m’intenter des procès, me porter envie et me diffamer, on dira que la fortune t’a jeté dans une situation qui n’était pas la tienne et que tu en abuses comme d’une chose qui ne t’appartient pas. Car enfin, si mon père s’est longtemps refusé à t’adopter, quoique tu fusses né de lui, ce n’est vraiment pas ma faute. Ce n’était pas à moi de savoir quels sont ses enfants, c’était à lui de me montrer qui je dois regarder comme mon frère. Voilà pourquoi, tant qu’il ne s’est pas décidé à t’adopter, pas plus que lui je ne t’ai regardé comme mon parent, et pourquoi, depuis cette adoption, moi aussi je te reconnais pour tel. Où est la preuve de ce fait ? La voici : Tu possèdes ta part des biens paternels après le décès de mon père. Tu prends part avec moi aux sacrifices, aux cérémonies de famille. Personne ne t’en écarte. Que veux-tu donc ? S’il vient maintenant dire qu’il est maltraité, s’il vient gémir et se plaindre et m’accuser, laissez-le dire et n’en croyez pas un mot. Aussi bien il n’a pas le droit d’employer ces