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L’EAU DOUCE.


L’eau qui a rencontré la mer ne retrouve jamais sa première douceur.
un poète persan.


Pitié de moi ! j’étais l’eau douce ;
Un jour j’ai rencontré la mer ;
À présent j’ai le goût amer,
Quelque part que le vent me pousse.

Ah ! qu’il en allait autrement
Quand, légère comme la gaze
Parmi mes bulles de topaze
Je m’agitais joyeusement.

Nul bruit n’accostait une oreille
D’un salut plus délicieux
Que mon cristal mélodieux
Dans sa ruisselante merveille.

L’oiseau du ciel, sur moi penché,
M’aimait plus que l’eau du nuage,