Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/128

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ſur le papier, & qui ſe corrigent ſouuent d’vne parole lors qu’on eſt preſent ; c’eſt pourquoy il ſeroit neceſſaire que nous fuſſions enſemble. Ie n’oſe pourtant vous prier de | venir icy ; mais ie vous diray bien que ſi i’euſſe penſé à cela, lors que i’eſtois à Paris, i’aurois 5 taſché de vous amener ; et ſi vous eſtiez aſſez braue homme pour faire le voyage, & venir paſſer quelque temps auec moy dans le deſert, vous auriez tout loiſir de vous exercer, perſonne ne vous diuertiroit, vous ſeriez éloigné des objets qui vous peuuent donner de 10 l’inquietude ; bref vous ne ſeriez en rien plus mal que moy, & nous viurions comme freres ; car ie m’oblige de vous défrayer de tout auſſi long-temps qu’il vous plaira de demeurer auec moy, & de vous remettre dans Paris lors que vous aurez enuie d’y retourner. Si vous 15 auez maintenant quelque bonne fortune, ie ſerois marry de vous débaucher ; mais ſi vous n’eſtes pas mieux que lors que ie vous ay quitté, ie vous diray franchement que ie vous conſeille de venir. Le voyage n’eſt pas de la moitié ſi long que pour aller en voſtre 20 païs ; nous ſommes en eſté, & la mer eſt maintenant fort aſſurée. Il faudroit apporter les outils dont vous pourriez auoir beſoin, ils ne coûteroient à apporter que iuſqu’à Calais ; car c’eſt le chemin qu’il vous faudroit prendre. De Calais vous pourriez paſſer par mer 25 en vn iour ou deux, iuſqu’à Dort, ou Roterdan, c’eſt à dire icy ; car de là on peut venir plus ſeurement iuſques icy, qu’on ne fait à Paris depuis le logis iuſqu’à l’egliſe. Et meſme eſtant à Dort, vous pourriez voir Monſieur Beecman qui eſt Recteur du College, & luy monſtrer 30 ma lettre, il vous enſeignera le chemin pour venir icy ;