Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/160

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Premierement, pour la matiere de la roüe Q, il n’y a aucune ſorte de pierre, quand ce ſeroit meſme du diaman, qui puiſſe manger le verre, ſans mettre entr’elle & le verre vne matiere qui mange & qui ſe broye entre deux, comme le grez ou l’aimery, leſquelles choſes 5 mangeroient bien plus de la roüe que du verre, comme eſtant plus tendre, & à chaque verre l’on vſeroit vne roüe entiere ; et quelque dureté que la trempe euſt donnée aux lames N M qui ſeroient appliquées contre la roüe, elles s’vſeroient encore dauantage, 10 puiſque le verre eſt plus dur que tout cela. Et de plus, ces lames N M ne ſçauroient frayer tant ſoit peu contre aucune ſorte de pierre à éguiſer, ſi douce qu’elle fuſt, que cette pierre par ſon mouuement ne mange prompttement le tranchant de la figure qui luy auroit eſté 15 donnée, & ainſi ce ſeroit la roüe qui donneroit la figure au fer, au lieu qu’il faut tout le contraire.

Ie me perſuade auſſi que la roüe Q, diminuant en ſa circonference à meſure qu’elle s’vſeroit (bien qu’elle puiſſe conſeruer la figure neceſſaire en ſon épaiſſeur) 20 creuſeroit diuerfement les verres, les ſeconds plus que les premiers, & ainſi de fuitte, puiſque les cercles prés de leurs centres ſont moindres & plus voûtez f que ceux qui en ſont plus éloignez. Ie ne ſçay pas ſi en cela il pourroit y auoir du défaut pour l’effet des 25 verres, puiſque vous m’auez dit qu’il n’importe pas pour la petiteſſe de la roüe ; mais pour la grandeur il y doit auoir, dites-vous, vne proportion que vous me faites eſperer de me donner.

Nonobſtant tout cela, il me ſemble qu’on peut reparer 30 vne partie de ces difficultez par les moyens dont ie