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XXVIII.
Descartes a [Condren].
[Amsterdam, 2 décembre 1630.]
Texte de Clerselier, tome II, lettre 63, p. 319-320.

Clerselier dit seulement : « à vn R. P. de l’Oratoire ». Mais Baillet (I, 218) nomme expressément le P. de Condren, comme le destinataire de cette lettre. Pour la date, voir l’en-tête de la lettre précédente.

Monſieur & Reuerend Pere,

Ie ſuis marry que vous ne m’auez mandé quelque choſe de plus difficile que de vouloir du bien à M. (Ferrier), afin qu’en vous obeïſſant, ie vous puiſſe témoigner combien ie vous honore. Mais pour ce qui touche M. (Ferrier), ie vous affaire que ie ne luy ay 5 iamais voulu de mal, & que ie me tiendray bien-heureux ſi ie puis ſeulement m’exempter de ſes plaintes. On ne ſçauroit ſans cruauté vouloir du mal à vne perſonne ſi affligée, et pour ſes plaintes, ie les excuſe tout de meſme que s’il auoit la goutte, ou que ſon 10 cors fuſt tout couuert de bleſſures. On ne ſçauroit toucher ſi peu à ceux qui ſont en tel eſtat, qu’ils ne s’écrient, & ils diſent ſouuent des injures aux meilleurs de | leurs amis, & à ceux qui s’efforcent le plus de reméeier à leurs maux. I’euſſe eſté bien aiſe 15 d’apporter quelque ſoulagement aux ſiens ; mais pource que ie ne m’en iuge point capable, il m’obligeroit fort de me laiſſer en repos, & de ne m’accuſer point des maux qu’il ſe fait à ſoy-meſme. Toutesfois ie luy ay