Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/492

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dans le cœur d’vn animal mort, toutesfois ſi on conſidere que les petites peaux dont elles ſont compoſées, & les fibres où elles ſont attachées, s’étendent beaucoup plus dans les animaux qui ſont vifs que dans les morts, où elles ſe reſſerrent & ſe retirent, on ne 5 doutera point qu’elles ne ſe ferment auſſi exactement que les autres.

Pour ce qu’il adjouſte que i’ai confideré le cerueau & l’œil d’vne belle, plutoſt que d’vn homme, ie ne voy pas d’où il le prend, ſinon peut-eſtre que, pour ce 10 qu’il ſçait que ie ne ſuis pas medecin de profeſſion, il croit que ie n’en ay pas eu la commodité, comme ie le veux bien auoüer, ou bien pource que la figure du cerueau que i’ay miſe en la Dioptrique[1], a eſté tirée aprés le naturel ſur celuy d’vn mouton, duquel ie 15 ſçay que les ventricules & les autres parties interieures ſont beaucoup plus grandes, à raiſon de toute la maſſe du cerueau, qu’en celuy d’vn homme ; mais ie l’ay iugé pour ce ſujet d’autant plus propre à faire bien voir ce dont | i’auois à parler, qui eſt commun 20 aux belles & à l’homme. Et cela ne fait rien du tout contre moy ; car ie n’ay ſuppoſé aucune choſe de l’Anatomie, qui ſoit nouuelle, ny qui ſoit aucunement en controuerſe entre ceux qui en écriuent.

Enfin, pour ce que mon explication de la refraction, 25 ou de la nature des couleurs, ne ſatisfait pas à tout le monde[2], ie ne m’en étonne aucunement ; car il n’y a perſonne qui ait eu encore aſſez de loiſir pour les bien examiner. Mais lors qu’ils l’auront eu, ceux qui vou-

  1. Page 49 de l’édition originale.
  2. Cf. Lettre LXXII, argument, p. 354-355.