Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/53

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de Lettres (1657-1667), plus un autre volume, L’Homme de René Descartes et la formation du fœtus, publié une première fois en 1664, puis une seconde fois avec le Monde ou Traité de la Lumière en 1677, il lui restait encore de quoi donner un volume, annoncé dans la préface de 1664, mais attendu vainement. Avant de mourir, Clerselier voulut assurer la publication de ce volume, et en chargea l’abbé Jean-Baptiste Legrand, à qui même il léguait pour les frais une somme de 500 livres. Legrand, au lieu de s’en tenir à ce dernier volume seulement, forma le projet d’une édition complète et se mit sans retard à l’œuvre : on trouve la date de 1684, écrite de sa main, en marge d’une des lettres communiquées par La Hire (Bibl. Nat. fr. n. a., 5160, f. 23). Legrand avait aussi hérité des nombreux mémoires de Clerselier sur Descartes, et il paraît même avoir commencé à écrire la vie du philosophe ; mais, sans doute afin d’être tout entier à son édition, il céda cette partie de sa tâche à l’abbé Adrien Baillet, en lui remettant tous ses papiers.

Baillet, qui donne la plupart de ces détails dans sa Préface, nous apprend aussi comment Legrand et lui entendaient leurs devoirs de biographe et d’éditeur : c’était d’une tout autre façon que Clerselier, et beaucoup plus satisfaisante. Ce que celui-ci, pour bien des raisons, avait négligé de faire, Baillet et Legrand le firent aussitôt sans rien épargner. Baillet écrivit aux parents de Descartes en Bretagne : ses deux frères étaient morts, M. de Kerleau vers 1660 et M. de Chavagne en 1680 ; mais leurs fils aînés, tous deux Conseillers au Parlement de Rennes et neveux du philosophe, ainsi que sa nièce, Catherine Descartes, firent les réponses les plus obligeantes. On leur doit sans doute les quelques fragments de lettres de famille, qu’on trouve çà et là dans l’ouvrage de Baillet. Presque tous les amis de Descartes étaient morts aussi : Baillet s’adressa donc à leurs fils, et il en donne une longue nomenclature : M. l’abbé Chanut, fils de l’ambassadeur, M. Clerselier des Noyers, fils de l’éditeur des Lettres, M. le Vasseur,