Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/594

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n’auois iamais fait auparauant, l’ayant trouué icy par hazard entre les mains d’vn de mes amis ; & entre nous | ie ne trouue pas qu’il en ait tant ſceu que ie penſois, nonobſtant qu’il fuſt fort habile.

Au reſte, ayant déterminé comme i’ay fait en 5 chaque genre de queſtions tout ce qui s’y peut faire, & monſtré les moyens de le faire, ie pretens qu’on ne doit pas ſeulement croire que i’ay fait quelque choſe de plus que ceux qui m’ont precedé, mais auſſi qu’on ſe doit perſuader que nos neueux ne trouueront iamais 10 rien en cette matiere que ie ne puſſe auoir trouué auſſi bien qu’eux, ſi i’euſſe voulu prendre la peine de le chercher. Ie vous prie que tout cecy demeure entre nous ; car i’aurois grande confuſion que d’autres ſceuſſent que ie vous en ay tant écrit ſur ce ſujet*. 15

Ie n’ay pas tant de deſir de voir la demonſtration de Monſieur de Fermat contre ce que i’ay écrit de la refraction[1], que ie vous veuille prier de me l’enuoyer par la poſte ; mais lors qu’il ſe preſentera commodité de me l’addreſſer par mer, auec quelques bales de 20 marchandiſe, ie ne ſeray pas marry de la voir, auec la Geoſtatique[2] & le Liure de la Lumiere* de Monſieur de la Chambre[3], & tout ce qui ſera de pareille eſtoffe, non que ie ne fuſſe bien-aiſe de voir promptement ce qu’écriuent les autres pour ou contre mes opinions, 25

  1. La Lettre XCVI ci-avant, et non la Lettre LXXII, dans laquelle Fermat ne critique que la démonstration de Descartes relative à la réflexion de la lumière.
  2. Descartes ne la reçut qu’en juin 1638 (Clers., III, 341).
  3. Nouvelles pensées sur les causes de la lumiere, du debordement du Nil et de l’amour d’inclination (Paris, Pierre Rocolet, 1634, in-4, achevé d’imprimer le 4 may 1634).