Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/620

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croy auſſi qu’il ſuffira, pour le commencement, qu’il prenne la diſtance, depuis le haut de la machine A B iuſques au rouleau Q R, de deux piez ou vn peu plus : ce n’eſt pas qu’en la prenant de trois piez, les lunettes n’en doiuent eſtre meilleures, pourueu qu’il puiſſe 5 faire les verres d’autant plus grands, mais ie crains qu’il n’en puiſſe pas ſi aiſement venir à bout. Ie me reſerue à dire le reſte, lors que ſon modelle ſera fait, & qu’il vous plaira m’ordonner de l’aller voir ; car ie ne voudrois pas qu’il trauaillaſt tout de bon à la 10 machine auant cela. Le Pere Merſenne m’a mandé qu’on vouloit conuier Monſieur le Cardinal à faire trauailler aux Lunettes ſuiuant ma Dioptrique ; mais ie crains qu’ils ne reüſſiſſent pas aiſement ſans moy, & ſi voſtre Tourneur en vient à bout le premier, ie m’offre de 15 faire mon mieux pour luy faire auoir octroy qu’il n’y aura que luy qui en puiſſe vendre en France.

| Les trois feüillets que ie vous auois enuoyez ne valent pas la moindre des honneſtes paroles qui ſont en la lettre qu’il vous a plû de m’écrire. Ie vous aſſure 20 que i’ay eu plus de honte de vous auoir enuoyé ſi peu de choſe, que ie n’ay pretendu de remerciment : car en effet la crainte que i’auois de m’engager dans vn Traitté qui fuſt beaucoup plus long que vous n’auiez demandé, a eſté cauſe que i’ay obmis le plus beau de 25 mon ſujet ; comme entr’autres choſes la conſideration de la viteſſe, les difficultez de la balance, & pluſieurs moyens qu’on peut auoir pour augmenter la force des mouuemens, qui different de ceux que i’ay expliquez. Mais afin que vous ne penſiez pas que ie faſſe mention 30 de ces choſes, pour vous donner occaſion de me con-