Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/621

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uier à les y adjouſter, ie ſatisferay ici au dernier point de voſtre lettre, en vous diſant à quoy ie m’occupe, Ie n’ay iamais eu tant de ſoin de me conſeruer que maintenant, & au lieu que ie penſois autresfois 5 que la mort ne me pût oſter que trente ou quarante ans tout au plus, elle ne ſçauroit déſormais me ſurprendre, qu’elle ne m’oſte l’eſperance de plus d’vn ſiecle : car il me ſemble voir tres-euidemment, que ſi nous nous gardions ſeulement de certaines fautes que 10 nous auons couſtume de commettre au regime de noſtre vie, nous pourrions ſans autres inuentions[1] paruenir à vne vieilleſſe beaucoup plus longue & plus heureuſe que nous ne faiſons ; mais pource que i’ay beſoin de beaucoup de temps & d’experiences pour 15 examiner tout ce qui ſert à ce ſujet, ie trauaille maintenant à compoſer vn abregé de Medecine, que ie tire en partie des liures, & en partie de mes raiſonnemens, duquel i’eſpere me pouuoir ſeruir par prouiſion à obtenir quelque delay de la nature, & ainfi 20 pourſuiure mieux cy-apres en mon deſſein. Ie ne répons point à ce que voſtre courtoiſie a voulu me demander touchant la communication des trois feuillets que vous auez : car outre que iaurois mauuaiſe grace de vouloir diſpoſer d’vne choſe qui eſt toute à vous, puis 25 que ie vous l’ay cy-deuant enuoyée ſans m’y reſeruer aucun droit, l’inclination que vous témoignez auoir à ne la point communiquer, & l’affection dont vous m’obligez, m’aſſurent | aſſez que vous ne ferez rien en cela qui tourne à mon prejudice ; & quoy que vous faſſiez, 30 il n’y a rien qui m’empeſche d’eſtre toute ma vie,

  1. ſans autre inuentions Clers.