Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/655

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pouuez : et ie vous | aſſure que ie ne la cacheray pas ſous le boiſſeau, mais que ie la feray paroiſtre à voſtre honneur.

Ie ne ſçay pourtant ce que ie dois attendre de vous ; 5 car on m’a voulu faire acroire que, ſi ie vous traitois tant ſoit peu en termes de l’Ecole, vous me iugeriez à l’inſtant plus digne de mépris que de réponſe. Mais par la lecture de vos diſcours, ie ne vous reconnois point ſi ennemy de l’Ecole que l’on vous fait, & ay 10 cette bonne opinion de voſtre eſprit, qu’il accordera facilement que toute verité bien demonſtrée eſt à l’épreuue de tous les termes de l’Ecole ; & que toute propoſition qui n’eſt à cette épreuue, eſt pour le moins douteuſe, ſi elle n’eſt fauſſe tout à fait. Car qui nous 15 voudroit faire paſſer vne fiction pour vne verité, vn accident pour vne ſubſtance, vn mouuement ſans moteur, &c, ie vous fais iuge vous-meſme de ce qu’il meriteroit. L’Ecole ne me ſemble auoir failly, qu’en ce qu’elle s’eſt plus occupé par ſpeculation à la 20 recherche des termes dont il faut ſe ſeruir pour traitter des choſes, qu’à la recherche de la verité meſme des choſes par de bonnes experiences ; auſſi eſt-elle pauure en celles-cy, & riche en ceux-là ; c’eſt pourquoy i’en ſuis comme vous, ie ne cherche la vérité des 25 choſes que dans la Nature, & ne m’en fie plus à l’Ecole, qui ne me ſert que pour les termes.

Or ie commenceray par les ſentimens que vous auez de la nature de la Lumiere, afin qu’ils me ſeruent de fondement, & qu’on voye s’ils ſont par tout les 30 meſmes, ou s’ils ſont differens, et en quoy.

1 pas] point. — 13 n’eſt] point aj.