Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/657

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mouuoir n’eſt pas mouuement, & ces deux different comme la puiſſance & l’acte. Et ſi l’action eſt de la matiere, donc elle n’eſt pas des corps lumineux qui meuuent cette matiere, ainſi que vous dites en la 5 page 38 de la Dioptrique, ce qui eſt raporté cy-deſſous au nombre 10.

5. Voire meſme, page 256, vous ne dites pas que la Lumiere ſoit l’action ou le mouuement, mais comme l’action ou le mouuement d’vne certaine matiere fort 10 ſubtile, &c. Or toute comparaiſon eſt entre choſes differentes ; donc la Lumiere n’eſt pas, ſelon vous, l’action ou le mouuement. Et quand on voudroit prendre le mot de comme pour quaſi, touſiours y auroit-il à redire, & vous vous trouueriez court d’vn 15 point.

6. Page 50 de la Dioptrique, parlant encore de la nature ou de l’eſſence de la Lumiere, vous dites que la Lumiere n’eſt autre choſe qu’vn mouuement, ou vne action qui tend à cauſer quelque mouuement, &c. D’où ie 20 conclus que ſi la Lumière eſt l’action, & meſme l’action qui | tend à cauſer le mouuement, donc la Lumiere ſera premiere que le mouuement ; car toute cauſe eſt premiere que ſon effet, & par conſequent la Lumiere ne ſera pas le mouuement.

25 7. Finalement, page 5, vous dites qu’il n’eſt pas beſoin de ſupoſer qu’il paſſe quelque choſe de materiel depuis les objets iuſques à nos yeux, pour nous faire voir les couleurs & la Lumiere, qui ſelon vous ne font qu’vne meſme nature. Mais puiſque, par ce que vous dites en 30 la page 4, la Lumiere n’eſt autre choſe, dans les corps

11 donc] dont Clers.