Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/673

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de pluſieurs choſes extremement à mon auantage, qui ſont dans les deux lettres que i’ay receües de voſtre part, mais ie vous diray franchement, que de tous ceux qui m’ont obligé de m’aprendre le iugement 5 qu’ils faiſoient de mes écrits, il n’y en a aucun, ce me ſemble, qui m’ait rendu ſi bonne iuſtice que vous, ie veux dire ſi fa|uorable, ſans corruption, & auec plus de connoiſſance de cauſe. En quoy i’admire que vos deux lettres ayent pû s’entreſuiure de ſi prez ; car ie 10 les ay preſque receües en meſme temps ; & voyant la premiere ie me perſuadois ne deuoir attendre la ſeconde, qu’apres vos vacances de la S. Luc[1].

Mais afin que i’y réponde ponctuellement, ie vous diray premierement, que mon deſſein n’a point eſté 15 d’enſeigner toute ma Methode dans le diſcours où ie la propoſe, mais feulement d’en dire aſſez pour faire iuger que les nouuelles opinions, qui ſe verroient dans la Dioptrique & dans les Meteores, n’eſtoient point conceuës à la legere, & qu’elles valoient peut-eſtre 20 la peine d’eſtre examinées. Ie n’ay pû auſſi monſtrer l’vſage de cette methode dans les trois traittez que i’ay donnez, à cauſe qu’elle preſcrit vn ordre pour chercher les choſes qui eſt aſſez different de celuy dont i’ay crû deuoir vſer pour les expliquer. I’en ay 25 toutesfois monſtré quelque échantillon en décriuant l’arc-en-ciel, & ſi vous prenez la peine de le relire, i’eſpere qu’il vous contentera plus, qu’il n’aura pû faire la premiere fois ; car la matiere eſt de ſoy aſſez difficile. Or ce qui m’a fait ioindre ces trois traittez 30 au diſcours qui les precede, eſt que ie me ſuis per-

  1. Le 18 octobre.