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n, 458.459. CXL. — Août 1658. ^47

en chercher de petites parcelles qui font cachées par cy par là dans les recoins des Bibliothèques ; et ceux qui ne feront propres qu a ce trauail, ne feront pas capables de bien choifir & de bien mettre en ordre 5 ce qu'ils | trouueront. Il eil vray que l'Autheur aflure auoir défia fait ou commencé vn tel Liure, & ie veux bien croire qu'il s'en peut acquitter mieux que per- fonne, mais les échantillons qu'il en fait voir icy ne fuffifent pas pour en donner grande efperance. Car

10 pour les Aphorifmes, page ji &c., ils ne contiennent que des penfées fi générales, qu'il femble auoir beau- coup de chemin à faire, auant que de paruenir aux veritez particulières, qui font feules requifes pour l'vfage. Et outre cela, ie trouue deux chofes en fes

1 5 pretenfions que ie ne fçaurois entièrement approuuer. La première efl qu'il femble vouloir trop ioindre la Religion & les Veritez Reuelées, auec les Sciences qui s'acquièrent par le Raifonnement Naturel. Et l'autre, qu'il imagine vne Science vniuerfelle, dont les

20 ieunes Ecoliers foient capables, & qu'ils puiffent auoir apprife auant l'âge de vingt-quatre ans. En quoy il me femble ne pas remarquer qu'il y a grande diffé- rence entre les Veritez Acquifes & les Reuelées, en ce que, la connoilTance de celles-cy ne dépendant que

25 de la Grâce (laquelle Dieu ne dénie à perfonne, en- core qu'elle ne foit pas efficace en tous), les plus idiots & les plus fimples y peuuent aufîi bien reûffir que les plus fubtils ; au lieu que, fans auoir plus d'ef- prit que le commun, on ne doit pas efperer de rien

3o faire d'extraordinaire touchant les Sciences humaines. Et enfin, bien que nous foyons obligez à prendre garde

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