Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, II.djvu/398

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j6^ Correspondance. i, 135-236.

cieux ; le mouuement eft l'adion par laquelle les par- ties de cette matière changent de place : mais pour la forme" acquife par luy, fi ce n'eft que vous nommiez ainfi ce changement de place, elle eft vn eftre philofo- phique qui m'eft inconnu. 5

7. Vn corps en peut bien pouffer vn autre en ligne droite, fans fe mouuoir pour cela en ligne droite ; comme on voit qu'vne pierre qui tourne en rond dans vne fronde, pouffe le milieu de cette fronde, & par mefme moyen tire la corde fuiuant des lignes droites, 10 qui tendent de tous coftez du centre de fon mouue- ment vers fa circonférence. Or afin que ie me déclare icy vn peu dauantage que ie n'ay cy-deuant voulu faire, ie vous diray que, pour la Lumière du Soleil, ie ne conçoy autre chofe finon qu'il eft compofé d'vne 1 5 matière tres-flùide, laquelle tourne continuellement en rond autour de fon centre auec vne très-grande viteffe, au moyen de quoy elle preffe de tous coftez la matière dont le Ciel eft compofé, laquelle n'eft autre chofe que cette matière fubtile qui s'eftend fans inter- 20 ruption depuis les aftres iufques à nos yeux, & ainfi par fon entremife nous fait fentir cette preffion du Soleil, qui s'appelle Lumière : ce qui doit, ce me femble, faire ceffer la plufpart des difBcultez que vous propofez. le fçay bien que vous en pouuez tirer dere- 25 chef plufieurs autres de cecy, | mais i'aurois auffi plu- fieurs réponfes à y faire, qui font déjà toutes preftes,

9 fronde] fonde (les deux fois).

a. Dans le texte de la lettre de Morin, plus haut, p. 291, 1. 23, on lit force.

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