Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, II.djvu/450

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4i6 Correspondance. i, 348-249.

ceux des chats, fe regardans par les deux bouts d'vn mefme tuyau, & vous ayant objedé que, la matière fubtile contenue dans l'air du tuyau ne pouuant eflre mue plutoft par Fvn des yeux lumineux que par l'au- tre, elle demeureroit immobile, & par confequent vn 5 œil ne pourroit voir l'autre, puifque la vifion ne fe fait que par le mouuement de la matière fubtile vers l'œil qui voit; vous me répondez icy que l'inclination de la matière fubtile àfe mouuoir ejî fuffifante, fans le mouue- ment, pour nous faire fentir la Lumière. Et par l'inclina- 10 tion vous n'entendez pas, comme ie croy, la fimple ap- titude à élire miie ; car cette aptitude efl: perpejtuelle en la matière & indéterminée; mais vous entendez l'impreffion faite par le moteur lumineux, & receûe dans la matière fubtile, laquelle imprefîion incline la i5 matière, & la détermine plutoft d'vn cofté que d'autre. Et voila qui eft fort fubtil, puifque chaque œil incline la matière fubtile vers fon oppofé. Mais ie vous répons, en premier lieu, que ou la feule inclination de la ma- tière fubtile eft neceflaire pour nous faire fentir la 20 Lumière, & ainfi le mouuement fera fuperflus ; ou que le mouuement eft encore neceflaire, & ainfi l'inclina- tion feule ne fuffira point. Secondement, que, félon vous, la Lumière ne pourroit eftre veûe dans le vuide, où il n'y a ny matière fubtile, ny aucune autre chofe ; 25 lequel vuide, s'il ne fe donne en la nature, au moins on le peut imaginer, mefmes au deflus du premier Ciel. Or quand ie l'entreprendray, il me fera fort aifé de prouuer que, dato oculo & corpore l'uminofo in con~ grua dijîantia, non potefl non videri lux etiam in vacuo. 3o Finalement ie vous fuplie de croire que ie n'ay point

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