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I, a49-a5o. CXLVIII. OcTOBRE l6j8. 417

fait fi pauure iugement de voftre efprit, que de penfer que vous ayez pris la pouffiere ou les atomes qui pa- roiffent aux rayons du Soleil dans vne chambre clofe, pour la matière fubtile dont vous traitez ; et que moy- 5 mefme ie ne la prens pas pour telle, comme vous penfez. Ma conception eft d Vn ton plus haut; vous fçauez que l'atmofphere, ou inférieure région de l'air, qui finit à la hauteur du crepufcule, eft plus denfe que la fuperieure, tant à caufe des efprits & vapeurs qui

10 s'éleuent du globe terreftre & fe condenfent en cette région, qu'à caufe que le plus craffe de chaque élé- ment s'efface & fubfide toufiours en bas. D'où vient que cette région caufe les refradions des aftres, & réfléchit la Lumière du Soleil au crepufcule ; & mefme

i5 que les Chymiftes, auec le feul tartre calciné & par d'autres voyes, corporifient ou rendent fenfible cet air, & en tirent vne liqueur vifible, qu'ils nomment efprit vniuerfel. Et peut eftre eft-il arriué quelque chofe de femblable à celuy que vous dites auoir vu

20 de l'air opaque dans vn tuyau. Et vous fçauez auffi que c'eft le pro|pre de la chaleur de raréfier & faire boiiillir l'eau. Or l'air eft encore bien plus fufceptible de rarefadion & d'ébullition que n eft l'eau ; c'eft pourquoy le Soleil par fa chaleur raréfie & fait bouillir

2 5 l'air, & cette ébullition ou mouuement paroift en la bafife région de l'air, principalement en efté, à caufe qu'elle eft plus denfe ; ainfi mefmes que l'on peut ob- feruer fur les charbons qui ne jetteront ny flame ny fumée. Mais cela ne paroiffant qu'en prefence de la

3o Lumière, i'ay penfé, & peut-eftre auec raifon, que ce

1 après fait] vn aj. (Inst.).

CORRBSPOHDANCB. II. 53

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