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482 Correspondance. 11,436-437.

ce qui eft caufe qu'on doit alors fentir la pefanteur de toute la colomne d air, qui eil au defTus. Mais il n arriue rien de femblable, lorfqu'on tire de biais A vers D, car la fepara|tion de ces 2 cors fe faifant alors fucceffiuement, l'air entre fans difficulté en la place 5 qu'ils laiflent.

4. Si vous voulez conceuoir que Dieu ofte tout l'air qui eft dans vne chambre, fans remetre aucun autre cors en fa place, il faut par mefme moyen que vous conceuiez que les murailles de cete chambre fe vie- 10 nent ioindre, ou bien il y aura de la contradidion

en voftre penfée. Car tout de mefme qu'on ne fçau- roit imaginer qu'il applanifTe toutes les montaignes de la terre, & que, nonobftant cela, il v laiffe toutes les valées, ainfy ne peut-on penfer qu'il ofte toute forte i5 de cors, & que, nonobftant, il laiffe de l'efpace, a caufe que l'idée que nous auons du cors, ou de la matière en gênerai, eft comprife en celle que nous auons de l'efpace, a fçauoir que c'eft vne chofe qui eft longue, large & profonde, ainfy que l'idée d'vne 20 montaigne eft comprife en celle d'vne valée.

5. Quand ie conçoy qu'vn cors fe meut dans vn milieu qui ne l'empefche point du tout, c'eft que ie fuppofe que toutes les parties du cors liquide qui l'enuironne font difpofées a fe mouuoir iuftement 25 aufly vifte que luy, & non plus, tant en luy cédant leur place qu'en rentrant en celle qu'il quitte; & ainfy il n'y a point de liqueurs qui ne foient telles, qu'elles n'empefchent point certains mouuemens. Mais pour imaginer vne matière qui n'empefche aucun des 3o

4 deux. — 1 1 bien om. — i3 applanifle] aneantifle.

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