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II. 289.
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CCXXIX. — 28 Janvier 1641.

Mon Révérend Père,

Ce mot n'est que pour vous dire que je n'ai pu encore pour ce voyage vous envoyer ma Réponse aux Objections, partie à cause que j'ai eu d'autres occupations, qui ne m'ont quasi pas laissé vn jour libre, & partie aussi que ceux qui les ont faites semblent n'avoir rien du tout compris de ce que j'ai écrit, & ne l'avoir lu qu'en courant la poste, en forte qu'ils ne me donnent occasion que de répéter ce que j'y ai déjà mis; et cela me fait plus de peine que s'ils m'avaient proposé des difficultés qui donnaient plus d'exercice à mon esprit. Ce qui soit toutefois dit entre nous, à cause que je ferais trés-marry de les désobliger; & vous verrez, par le soin que je prends à leur répondre, que je me tiens leur redevable, tant aux premiers[1] qu'à celui aussi qui a fait les dernières[2], que je n'ai reçues que Mardi dernier, ce qui fut cause que je n'en parlai point en ma dernière, car notre Messager part le Lundi.

J'ai parcouru le livret de M. Morin[3], dont le principal défaut est qu'il traite par tout de l'Infini, comme si son esprit était au dessus, & qu'il en put comprendre les propriétés, qui est une faute commune quasi à tous; laquelle j'ai tâché d éviter avec soin, car je n'ai jamais traité de l'infini que pour me soumettre à lui, & non point pour déterminer ce qu'il est, ou < ce > qu'il n'est pas. Puis, avant que de rien expliquer qui soit

  1. Les auteurs des Secondes Objections.
  2. Hobbes, l'auteur des Troisièmes Objections, encore anonymes.
  3. Voir ci-avant p. 275, 1. 1 5, et p. 283, 1. 10.