Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/391

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1, 5o7. CCXLII. — 27 Mai 1641. 379

prife, quand i'ay dit que le plus bas degré de la li- berté confiftoit à fe pouuoir déterminer aux chofes aufquelles nous fommes tout à fait indifFerens^ Mais peut-eflre que, par ce mot à' Indifférence, il y en a

5 d'autres qui entendent cette faculté pofitiue que nous auons de nous déterminer à l'vn ou à l'autre de deux contraires, c'eft à dire à pourfuiure ou à fuir, à af- firmer ou à nier vne mefme chofe. Sur quoy i'ay à dire que ie n'ay iamais nié que cette faculté pofitiue

10 fe trouuafl: en la volonté ; tant s'en faut, i'efl;ime qu'elle s'y rencontre, non feulement toutes les fois quelle fe détermine à ces fortes d'adions, où elle n'eil point emportée par le pois d'aucune raifon vers vn cofté plutofl que vers vn autre ; mais mefme

i5 qu'elle fe trouue mêlée dans toutes fes autres adions, en forte qu'elle ne fe détermine iamais qu'elle ne la mette en vfage ; iufques-là que, lors mefme qu'vne raifon fort éuidente nous porte à vne chofe, quoy que, Mo?-allenient parlant, il foit difficile que nous piiiflions

20 faire le contraire, parlant neantmoins Abfolument, nous le pouuons : car il nous efl; toufiours libre de nous empefcher de pourfuiure vn bien qui nous ell clairement connu, ou d'admettre vne vérité éuidente, pouruû feulement que nous penfions que c'eft vn bien

25 de témoigner par-là la liberté de nollre franc-arbitre.

De plus, il faut remarquer que la liberté peut eftre

confiderée dans les adions de la volonté, ou auant

qu'elles foient exercées, ou au moment mefme qu'on

les exerce.

3o Or il ell certain, qu'eftant confiderée dans les ac-

a. Voir Médit. IV, p. 67 (édit. 1641), ou p. 56 (édit. 1642).

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