Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/393

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1, 5o8-5o<,. CCXLII. — 27 Mai 1641. j8i

plus grand vfage de cette puiflance pofitiue ; et ainfi nous pouuons toufiours agir auec plus de liberté tou- chant les chofes où nous voyons plus de bien que de mal, que touchant celles que nous appelions Indiffc- 5 renies. Et en ce fens-là aufli, il cil vrav de dire que nous faifons beaucoup moins librement les chofes qui nous font commandées, & aufquelles fans cela nous ne nous porterions iamais de nous-mefmes, que nous ne faifons celles qui ne nous font point com-

o mandées. D'autant que le iugement, qui nous fait croire que ces chofes-là font difficiles, s'opofe à celuy qui nous dit qu'il cft bon de faire ce qui nous elt com- mandé; lefquels deux iugemens, d'autant plus égale- ment ils nous meuuent, t*^ plus mettent-ils en nous de 5 cette indifférence, prife dans le fcns que i'ay le pre- mier expliqué, c'eft à dire qui met la volonté dans vn état à ne fçauoir à quoy fe déterminer.

Maintenant, la liberté ertani confiderée dans les ac- tions de la j volonté au moment mefme qu elles font

20 exercées, alors elle ne contient aucune indifférence, en quelque fcns qu'on la veuille prendre; parce que ce qui fe fait, ne peut pas ne fe point faire dans le tems mefme qu'il fe fait; mais clic confifte feulement dans la facilité qu'on a d opérer, laquelle, à mefure

25 qu'elle croift, à mefure auffi la liberté augmente; et alors faire Librement vne chofe, ou ]a faire Volontiers, ou bien la faire Volontairement, ne font qu'vne mefme chofe. Et c'eft en ce fens-là que i'ay écrit que ie me portois d'autant plus Librement à vne chofe, que l'y

3o eftois pouffé par plus de raifons *. parce qu'il eft; cer-

a. Voir Médit. IV. p. 6y {éà\i. 1641), ou p 56 édii. iÔ4-2;.

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